Splendeur de l'hérésie (suite).

Hrp: Suite du post https://leroyaumedelibertae.jeun.fr/viewtopic.forum?t=40

L'escarmouche ne dura pas plus d'un psaume. Face à une trentaine d'hérétiques, l'Armée Inquisitoriale ne pouvait résister. Un à un, les camarades de Merilin tombèrent pour Mullenkamp, et bientôt ne restait plus que Parribhrest et lui. Dans un sursaut de vaillance, le Capitaine s'adressa en hurlant à sond ernier homme.

"Retourne à la Cathédrale, fils de Mullenkamp! Trouve l'Inquisiteur..."

L'ordre parvint à Merilin, qui ne tarda à la mettre à exécution. Fauchant deux adversaires de sa lame, le jeune soldat s'élança au galop vers la ville, mais un nouveau groupe d'impies se dressa en travers de sa route. *Comment ont-ils pu prévoir notre venue? Ce ne peut être naturel, mais...*; l'heure n'était pas à la réflexion, il fallait rapidement trouver un moyen de sortir de ce mauvais pas. Alors que des cris de victoire retentissaient dans son dos, Merilin tira sur les rennes de sa monture avec le peu de force que lui avait laissé la tension, et fit faire un virage serré à l'equidus. Par chance la ville était entourée d'une grande palissade qui lui parmettrait de ne pas être coupé dans son élan. Il en fit le tour et arrivé à l'entrée opposée de Tronkjard il s'enfonça sur le chemin menant à Libertae.

En plus d'une grande peur, Merilin avait gagné dans le combat une entaille assez profonde à la cuisse gauche, et il dût sacrifier son bandeau dans un garrot de fortune.
Comme pour le voyage aller, il fallut plus de quatre jours pour revenir en Libertae. En fin de journée, Merilin arriva à l'entrée de l'Inquisition, amas de bâtiments somptueux qui recueillaient les forces de Mullenkamp. Au centre se trouvait la Cathédrale, antre de la déesse mais aussi de l'Inquisiteur... le jeune Lonoriel laissa l'équidus à l'écurie, et se présenta en boitant au sanctuaire des conseillers.

"Les conseillers sont en Concile, préentez vous directement à l'Inquisiteur en cas d'urgence."

*Toujours en Concile, ces incapables... je me demande ce qu'ils y font à part dormir!*
D'un pas presque rampant et une grimace figée sur le visage, Merilin traversa la grande Cour de l'Inquisition pour se rendre à la Cathédrale et en poussa la porte avec souffrance. Il fit quelques pas dans la pièce éclairée à la bougie, sursautant presuqe quand les imposantes portes se refermèrent dans un bruit sourd. Voila qui ne manquerait pas d'attirer l'attention de l'Inquisiteur, qui priait agenouillé devant la statue de Mullenkamp. Le soldat s'agenouilla lui aussi, le genou gauche posé au sol comme de coutume malgré la blessure. "La religion n'entend pas la douleur" était l'un des préceptes de base de l'Inquisition, et il fallait le respacter en toute circonstance.

« Gloire à MullenKamp, notre Déesse,
Elle est notre chemin, nous la suivons avec foi.
Elle guide ma lame vers le corps des impies,
Grâce à elle mon bras ne connaît pas l’hésitation.
Elle est mon gardien, elle veille dans l’obscurité.
Non je ne mourrais pas, je vivrai,
Car elle a entendu mes prières et me protège.
Ma Déesse, mon bouclier,
Affronte les écueils avec moi et de concert,
Attendons l’avènement de ta Gloire resplendissante.
Ta Lumière jaillira de l’Ouest,
Les hérétiques et les païens seront engloutis,
Sous des flots dévastateurs ils crieront leur rédemption.
Tu n’entendras que les justes. »

L’Inquisiteur psalmodiait dans la nef, agenouillé devant l’autel où la statue de sa Déesse trônait majestueusement. Sa voix, lente et grinçante, emplissait d’un écho surréaliste le large bâtiment de pierre, faiblement éclairé par des cierges reposant sur des candélabres et quelques vitraux épiques qui laissaient pénétrer un soupçon de luminosité.
Alors qu’il allait entamer le Cantique de la Déification, les larges portes se murent dans leurs gonds accompagnées d’un sinistre craquement, avant de se refermer dans un bruit sourd que le silence ambiant amplifiait.
Prenant son bâton dans une main, il prit appui sur lui avant de se relever et de se diriger en direction de l’homme qui venait d’entrer dans la Cathédrale. S’il était là, c’est qu’il devait lui parler, les lieux de culte de MullenKamp étaient nombreux en Libertae, et la Cathédrale Inquisitoriale n’était accessible généralement que lors des cérémonies bi-hebdomadaires.
Avançant sur les dalles gravées d’épitaphes en tous genres, L’Inquisiteur parvint au niveau d’un homme agenouillé, la tête baissée. Son genou saignait et une petite flaque de sang entourait désormais son articulation, le liquide vital commençant même à envahir un premier joint.

-« Lève-toi Fils de MullenKamp. Son représentant est là, parle et je saurai écouter. »

A son accoutrement et au vu de sa blessure, peu banale tout de même surtout lorsqu’elle n’est pas soignée, le Gardien des Ecrits put en conclure que l’homme qui lui faisait face était un soldat. S’il venait pour l’assassiner, il s’était fourvoyé, la Déesse le protègeai dans cette antre sacrée.

Cachant du mieux possible le rictus de douleur qui accompagna le déploiement de sa jambe, Merilin garda tête baissée face à l'Inquisiteur. Après réflexion, peut-être la situation n'était-elle pas si urgente qu'elle lui avait paru en arrivant. Après tout, des dizaines de patrouilles inquisitoriales se faisaient attaquer chaque semaine, et si l'Inquisiteur devait prendre en charge chacun de ces désagréments, Mullenkamp -louée soit elle- serait bien seule. Le jeune soldat chercha ses mots quelques instants, avant de finalement se lancer.

"Je viens faire état d'inquiétantes nouvelles, Inquisiteur... la troupe à laquelle j'étais affiliée a subi une embuscade aux abord de Tronkjard, cité sous contrôle impie mais passive jusqu'à ce matin. J'ai rejoint Libertae en tant que seul survivant sur ordre de mon Capitaine, j'ai pris la liberté de juger l'affaire importante. Veuillez m'en pardonner, Gloire à Notre Déesse!"

L'Inquisiteur regardait le soldat.
Ainsi donc, cet être blessé faisait parti de ses forces armées. Et il osait venir dans le lieu sacré qu'est la Cathédrale de la Sainte Déesse pour venir proclamer sa défaite.
Gardant son calme, il gardait toujours son regard vers le soldat courbé.

« Je vois.
Ainsi donc, ces maudits païens osent s'en prendre à la Sainte Armée de la Déesse.
Cet acte ne restera pas impuni.
Ils trépasseront tous pour s'être opposé au Saint Livre et à sa Créatrice.

Suis-moi ! »

Le protecteur du Saint Livre se dirigea vers une porte annexe de la cathédrale et s'engouffra dedans.
Il prit la direction du camp d'entrainement proche du palais Inquisitoriale.
Là, il fit appelé un soldat.

« Capitaine, prenez un régiment et accompagnez ce jeune homme.
Vous avez ordre de raser le village des hérétiques qui ont osé s'opposé à notre Très Sainte Déesse Mullenkamp.
Ne revenez que quand il n'y aura plus un seul païen dans ce village.
Execution ! »

Le soldat inquisitoriale salua son maitre avec une « Vive Notre Grande Déesse et son Serviteur » avant de se diriger vers les baraquements des soldats.

L'Inquisiteur se tourna ensuite vers le porteur de la nouvelle.

« Maintenant, allez faire votre devoir et allez vous battre pour qu'elle vous accorde sa Clémence.
J'intercèderai auprès d'Elle pour qu'Elle vous accorde la victoire et sa Bienveillance. »

Puis il retourna dans la Cathédrale pour prier.