En attendant la missive

Les nuits précédentes avaient été mouvementées.
Eladrim n'avait que peu dormi pour mettre en ordre les dernières affaires du royaume.
Il n'avait eu que peu de temps libres, entre les receptions où il se devait d'être présent, les jours de doléances et de siège à l'assemblée de la Dextria.

Mais dans sa tête, plusieurs idées avaient germées.
Certaines visaient le royaume tout entier, d'autres serviraient à montrer son opposition à l'Alliance, d'autres encore ...
Il y en avait beaucoup et chacune d'elle devait etre faite.

Seul, assis dans son cabinet, derrière son bureau, le jeune souverain tentait de lister sur un papier ce qu'il devait faire.

"Je ne dois pas me décourager.
Je fais tout cela pour le peuple et le royaume.
Et personne ne doit s'opposer au peuple et au royaume."

Quelqu'un toqua à la porte.
Le roi leva la tête et fixa la séparation de bois.

"Entrez !" dit-il d'une voix forte.

Les médecins royales avaient vraiment fait du très bon travail.
La blessure que lui avait infligé le meutrier de l'Alliance ne le faisait presque plus souffrir et personne n'aurait pu dire qu'il avait été blessé si ce n'est qu'il portait encore des bandages.

Enfin, il pouvait reprendre son service.

Vissent se saisit du plateau de Damascus et y plaça dessus une tasse finement décorée ainsi qu'un pichet de Ziah.
Un léger soupir de soulagement vint à se faire entendre.

"Ce maudit bougre de l'Alliance ne m'aura finallement pas tant fait de dégats que cela."

Lentement, il sortit de la cuisine et prit la direction du cabinet de son jeune maitre.
Ses pas résonnèrent sur le grand escalier de marbre.

Cependant, il ne put s'empécher de s'arréter un instant devant les deux grands tableaux représentant feu les parents du souverain de Libertae.

"Messeigneurs, votre enfant fera surement de grandes choses.
Veillez sur lui, je vous prie, et demandez à notre déesse de lui donner un règne long et calme."

Quelques psaumes plus tard, il arriva à destination.

Il toqua trois coups à la porte et attendit qu'on lui intime l'ordre d'entrer.

"Bonjour à vous, Votre Altesse.
Que Mullenkamp vous garde !"

Tout en faisant attention à son plateau, il s'inclina légèrement.

"Je vous apporte du Ziah, Votre Altesse."

Et il alla déposer le breuvage sur une table proche du bureau pour en faire plus facilement le service.

Le Roi Eladrim regarda attentivement le domestique faire son service.
Une fois la tasse posée devant lui, il s'en saisit délicatement et bu une gorgée avant de regarder à nouveau Vissent.

"Je suis heureux de te voir en pleine forme, mon ami.
J'ai bien cru que cette maudite ombre de l'Alliance avait mis fin à tes jours.

Il va me falloir aller féliciter les médecins pour un si grand travail."

Le serviteur royal semblait géné par tant d'attention de la part de son souverain.

"Ne rougit pas tant, mon cher Vissent.
Tu as tant fait pour moi qu'il m'est interdit de ne pas prendre soin de toi en retour."

Vissent s'inclina pour remercier le roi.
Eladrim l'aida à se relever.

"Dites moi, Vissent, n'avez-vous pas reçu de missives pour moi ?"

Le valet de chambre du roi présenta presque immédiatement un pli qui semblait à tout point de vue ordinaire.

"Il vient de la frontière, Votre Altesse."

Le jeune roi s'empressa de se saisir de la lettre et la décacheta à l'aide d'un petit couteau en Damascus.
Les traits de son visage se firent sérieux.

"Bien.
Vissent, va préparer mon carosse.
Nous allons rendre visite à notre dévoué Inquisiteur."

A cet ordre, le majordome sortit, laissant le roi seul dans son cabinet.

Le souverain de Libertae se tourna vers la fenêtre et regarda en direction de la frontière, aussi loin que ses yeux pouvaient voir.

"J'espère, ma chère, que vous avez fait attention à vous.
L'Alliance ne regroupe pas des enfants de la Déesse, loin de là ..."

Puis il alla dans sa chambre pour se préparer.

Quelques psaumes plus tard, les grilles du palais s'ouvrirent, laissant passer le Roi et son escorte.

La visite à l'Inquisiteur