Colère noire

Blanche avait quitté la soirée en laissant derrière elle sa marque. Pour chaque noble tué de ses propres mains elle avait déposé une fleur de sa composition sur le corps: mélange de deathmarine et calypha, le noir et le blanc, le mal et le bien....

Elle avait ensuite rejoint son antre au milieu de ce qu'elle nommait son chez-soi: la forêt, lieu de tous ses méfaits, endroit où elle pouvait confectionner toutes ses mixtures.

Chaque fois qu'un des hommes avaient tué un noble, Blanche avait planté une fleur. Elle gardait la dernière graine pour le traitre car elle se réservait le plaisir de lui faire goûter son dernier poison, auquel elle n'avait pas encore donné de nom.

Cela faisait maintenant trop longtemps qu'elle attendait l'annonce de la mort des nobles lorsqu'un des assassins de l'Alliance vint se présenter à sa porte
Et bien que vous arrive-t-il? Avez-vous rempli votre mission? La voix de la jeune femme était pour l'instant assez calme, elle n'avait pas encore pris la peine de se tourner vers l'homme.
Madame, murmura l'homme. L'un des nôtres est mort...

Blanche semblait calme de dos mais ses yeux se mirent à virer au rouge, ses mains se crispèrent sur le bol qu'elle tenait.

Et? répondit-elle d'une voix rauque.

Il est mort en ayant failli à sa mission. Sa cible est toujours en vie mais...

Le bol vola en éclat, laissant son contenu se répandre sur la table en bois. Une odeur nauséabonde se mit à envahir la pièce et soudain dans un chuintement le meubre s'effondra rongé par le liquide.

Et vous osez vous présenter à moi...Ne connaissez-vous donc pas la marche à suivre dans ces cas-là? tonna la sorcière. Elle se tourna brusquement et le visage de l'homme s'emplit d'effroi.

Blanche était méconnaissable: ses yeux étaient injectés de sang, ses mains tailladées par les éclats du bol étaient devenues rouge de sang, un rictus ornait ses lèvres...

Vous n'êtes qu'une bande d'incapables, de bons à rien, de détritus, de dêchets...Si cela ne tenait qu'à moi, il y a longtemps que vous ne seriez plus de ce monde, mais ce cher Zarth vous fait confiance et je me demande bien pourquoi...

La voix de la jeune femme résonnait à des pas à la ronde, les arbres autour de sa demeure semblaient s'être courbés sous l'effet de la colère.

Dehors, et ne revenez que lorsque vous l'aurez tué.

L'homme déguerpit sans attendre son reste mais il n'avait pas senti la lègère piqûre provoquée par une minuscule fléchette. Il avait à peine franchi les limites de la forêt qu'il s'effondra dans d'atroces douleurs. Une volée d'oiseaux noirs vint s'abattre sur son corps en poussant de furieux croassements.

Dans son antre, Blanche venait de finir de rédiger avec son propre sang une missive pour Zarth.

Il est temps de commencer à recruter de vrais hommes...

Une silhouette s'avançait lentement à travers la forêt. Sa marche était douce mais en même temps on sentait qu'elle était sûre d'elle. Ses longs cheveux roux semblaient prendre feu à chaque fois qu'un rayon de soleil venait se poser dessus.

Blanche essayait de calmer sa colère mais l'incompétence des hommes de l'Alliance l'agaçait au plus haut point. Elle n'admettait pas qu'on revienne sans avoir accompli sa mission et chacun connaissait le sort réservait à celui qui faillirait: la mort...

Elle avait arpenté de long en large sa chère forêt pour finalement revenir à sa demeure avec l'esprit plus apaisé. Elle avait décidé d'aller faire quelques plantations dans son jardin qui se trouvait à l'arrière de la maison.

Pour y arriver, elle passa devant quelques assassins et ne put s'empêcher de les compter en leur lançant un regard noir. Les hommes baissèrent la tête car ils connaissaient la signication de cet air-là.
Arrivée dans le jardin, elle se dirigea directement vers l'endroit où elle avait planté les graines dédiées à la mort des nobles. Blanche entreprit de les arroser lorsque soudain elle stoppa net son élan...

Elle fit rapidement demi-tour et d'un pas alerte alla retrouver les hommes sur le devant de la masure.
Elle semblait calme mais on devinait que quelquechose n'allait pas.

Messieurs, prononça-t-elle d'une voix haute et perceptible, il me semble qu'au lieu de vous prélasser à ne rien faire, vous devriez finir une mission...

Les hommes surpris de la présence de leur chef sursautèrent et se regardèrent hébétés.

Vous êtes actuellement en surnombre par rapport aux graines que j'ai planté pour les nobles, ce qui implique donc...

Madame, la coupa un des hommes, certains nobles étaient absents de leur demeure et d'autres nous ont echappé.

Les yeux de Blanche se remplirent à nouveau de sang, elle se mit à serrer les poings, son visage se métamorphosa.

Vous avez osé me couper la parole pour me sortir votre incompétence...Pour qui vous prenez-vous, bande de ramassis d'avortons? Vous avez été engagé pour tuer non pas pour compter les feuilles des arbres.

La jeune femme venait de sortir de ses gonds. Elle ne supportait plus ces incapables et elle allait devoir leur montrer.
Du doigt elle se mit à désigner quelques hommes:

Toi au fond, toi avec la balafre, toi, oui, toi avec les cheveux blonds....et elle continua ainsi jusqu'a ce que la moitié des hommes se soient levés.

La Sorcière s'approcha de chacun d'eux, avec un étrange rictus.

Vous semblez avoir oublié le sort que je réserve à ceux qui m'ont déçu. Pour qu'à l'avenir vous ne vous présentiez plus devant moi sans avoir mené à bien votre mission, je suis au regret, enfin c'est un plaisir pour moi, de faire des exemples.

Sans en dire plus, elle s'approcha de chaque homme et déposa un baiser sur leurs lèvres. Les autres, qui étaient assis, se mirent à sourire, pensant que c'était une plaisanterie.
Quand Blanche eut finit son tour de baisers, elle tourna le dos et se dirigea vers la porte d'entrée.

Les autres, allez finir le travail et ne revenez pas tant qu'ils ne seront pas tous mort...

Les hommes se levèrent et firent signe à ceux qui avaient reçu les baisers de les suivres. Mais ils étaient déjà trop tard pour eux. Le premier s'écroula comme une pierre sur le sol , suivit par ses compagnons.

Le reste des assassins venait de comprendre ce que signifiait le baiser de la mort....

Tous des incapables, une bande de bons à rien...Blanche maugréait dans un coin de sa cuisine, lavant et coupant quelques herbes pour ses mixtures.

Zarth, Zarth, il va falloir qu'on parle sérieusement du recrutement. Elle avait l'habitude de parler seule, au moins personne ne venait lui couper la parole ni la contredire.

J'aurai ma vengeance quoi qu'il en coûte.

Affairée et perdue dans la lecture d'une recette, elle ne vit pas l'énorme oiseau noir pénétrer par la fenêtre ouverte. Il vint se poser délicatement sur son perchoir, situé dans un recoin de la pièce, prit dans son bec quelques graines qui trainaient dans la mangeoir et soudain poussa un croassement.
Blanche lâcha d'un coup le couteau qu'elle tenait à la main et se retourna.

Maudit volatile, tu ne peux pas t'annoncer, non. La jeune femme s'approcha de lui et le caressa

Et bien mon beau Thor, quelles nouvelles m'apportes-tu?

L'oiseau croassa de nouveau mais cette fois-ci plus doucement et plus longuement, comme s'il expliquait quelquechose à Blanche
La Sorcière haussa les sourcils et partit farfouiller dans une armoire qui semblait sur le point de s'effondrer.
Elle en tira une besace, la remplit de plusieurs fioles, de quelques herbes et d'un long couteau.

Reste là mon doux ami et repose toi. Je vais aller voir de quoi il retourne. On ne pénètre pas dans ma forêt impunément.

Elle passa le sac en bandoullière et sortit de sa demeure en claquant la porte. Dehors quelques hommes s'occupaient des morts. Ils la regardèrent passer puis disparaitre derrière le sombre rideau d'arbres.